Avant de vous lancer dans la lecture du comment faire ?, voici deux exemples, deux liens pdf pour goûter au résultat de cette action.
On finit toujours par un recueil de paroles, libre après à qui veut de le crier à haute voix sur un marché. Bonne lecture.
Porteur paysans
Porteurs bouffe
Le porteur de parole peut servir à :
– Faire une enquête publique qui peut précéder une action, recueillir des représentations ou des demandes etc.
– Préparer ou faire du débat public
A quoi ça sert ?
C’est en tout cas en tant que tel un bon outil de rencontre, il permet à des animateurs de faire ce qu’on fait rarement : parler à des inconnus dans la rue de politique.
Le porteur permet donc (non exhaustif) :
– Adresser la parole à des inconnus, au mieux des étrangers ou des ennemis
– Mettre des animateurs dans une situation de rencontre, de recueille, d’écoute, et pas de proposition
– Faire prendre conscience de certaines réalités sociales à une équipe en éprouvant des réponses incarnées par des personnes, ce qui est très différent de les lire dans des bouquins.
– Faire prendre conscience aux animateurs que les gens ont des choses à dire même politiques!
– Prendre conscience que c’est pas grave de parler à des inconnus et que c’est possible même dans la rue.
– Réhabiliter l’espace public comme espace politique.
– Ce peut être un outil d’animation de débat, de mobilisation
– Outils de sensibilisation, le Porteur de Parole peut être un outil de communication, titre auquel il peut aisément être récupéré par des institutions comme gage/démonstration de démocratie qui descend dans la rue.
Le lieu :
La réussite du PdP suppose une bonne exploitation de l’espace public, il s’agit de repérer les lieux qui permettront le mieux sa mise en place, plusieurs paramètres peuvent rentrer en compte : travail de repérage.
– Rechercher ce qui permet un phénomène d’agglutinement
– Il est préférable de viser des flux réguliers plutôt que des flux massifs discontinus.
– Un espace plutôt sympa. joli, agréable plutôt que moche.
– Penser à éviter la pollution sonore (exemple : les gares sont un mauvais endroit)
– Se poser la question de l’homogénéité/hétérogénéité socioculturelle du lieu : En gros ce qui répond bien à l’objectif du flux et de l’homogénéité sociale et générationnel c’est plutôt les zones de chalandises
Quand le lieu est choisi, que fait-on ?
On va mettre en place un zonage, définir différentes zones ayant des fonctions différentes, permettant de toucher différentes personnes. Le but du jeu est d’arriver à proposer des espaces qui accrochent, attrapent des publics plus ou moins réceptifs. (On reprend ainsi une partie de la théorie des besoins stajienne, l’idée étant d’avoir plusieurs propositions en même temps afin de toucher des publics qui ne manifestent pas les mêmes besoins aux mêmes moments).
– L’espace moineau « on peut se barrer quand le matou avance »
Les panneaux sont justes posés, il n’y a pas d’animateur du lieu, les personnes doivent se sentir la possibilité de ne pas être importuné et de partir quand elles le désir
– Espace pécheur : « On peut regarder par-dessus son épaule »
C’est dans cet espace que l’animateur scripteur officie, il est là à écrire sur les panneaux mais il n’y pas en revanche d’animateur pour interpeller les gens.
– Un espace de relation directe, c’est le stand, c’est le lieu ou l’animateur rentre en relation directement avec les inconnus.
– Un quatrième espace : On peut prévoir un espace avec café, ce peut être l’espace communautaire pour accueillir les potes.
La question , c’est la clé de voute de tout le dispositif ! ! !
Une question préalable au choix de la question peut être de se poser la question de ce qu’on cherche à obtenir, notamment la question : s’agit-il de faire du débat public ou de faire une enquête publique ?
Il faut que les réponses soient polémiques, pas nécessairement les questions…
Par exemple: « Que faites-vous de votre temps libre » donne des réponses beaucoup plus intéressantes que « que pensez-vous de votre quartier ? »
· Pré -tests
On peut avant de choisir une question commencer par se poser la question entre nous, se faire des interviews mutuelles mais on peut aussi mettre en place une première phase de pré-tests qui consiste à poser la question à notre entourage (les animateurs mais aussi le boucher, notre nièce, enfin qui on a sous la main).
Ce pré-test permettra de voir si :
– les gens restent dans la question
– si les gens apportent des réponses différentes
– on observe une variété d’angles d’attaque
– si les positions sont clivées : l’idée c’est d’arriver à avoir au moins un point de vu de droite.
Quelques conseils :
– Éviter les questions moralisantes, il s’agit souvent de questions qui ont une réponse dans leur formalisation.
– Il faut que ce soit une question pour laquelle on (nous, l’animateur) a un intérêt certain, une question dont on attend réellement des réponses.
– Évidement la question doit être compréhensible par tous… mais ce n’est pas toujours une évidence …. de l’intérêt des pré-tests
Astuce de langage : Formuler un stéréotype. « On dit souvent que ….qu’en pensez vous » « les jeunes veulent moins travailler qu’avant.
Exemple de question « Liberté, égalité, fraternité » lequel de ces termes vous touche le plus ? »
Deux possibilités: soit la question est clivante, soit on va chercher le clivage dans les réponses.
Type de clivage : présent/passé (avant c’était mieux)
– Si l’objectif des porteurs de paroles est de faire une enquête publique, il peut être intéressant de poser une question qui prenne des détours.
– On peut poser aussi une affirmation qui braque.
A cette occasion prise de conscience que l’espace public est travaillé par des règles sociales implicites (exemple des frontières invisiblement), on est sous un régime d’indifférence organisé, ni les corps, ni les regards ne doivent se rencontrer. Le regard trace avant le corps un couloir imaginaire de manière à ne toucher personne au cours du déplacement. Ensuite ce sont des décisions fractionnelles, rapides qui devront modifier le trajet du passant en se déplaçant… pour cette raison, tout ce qu’on revoit d’infra verbal aura de l’importance puisque sera analysé très rapidement.
Ce sont donc à ces personnes que vont penser en première analyse les passants. En mettant en place ces Porteurs de parole nous nous trouvons aussi à transgresser les règles implicites de la rue selon les quels « on ne parle pas à des inconnus … encore moins de politique ». On va faire effraction dans ces règles, certaines sont tolérées mais codifiées.
La rue est un lieu d’auto control collectif, une scène ou chacun se surveille. Chacun prend pleins de discussions en des micros secondes. De loin les gens vont donc nous mettre dans la case la plus approchante des transgressions qu’ils connaissent. Pour cette raison l’esthétisme, notre allure et nos fringues vont compter. Le premier contact est un contact non verbal.
La composition de l’équipe compte donc aussi : Il peut être intéressant donc d’avoir « des personnes qui ne se ressemblent pas dans l’équipe (penser au sexe et aux génération notamment).
Il faut éviter de se retrouvé enfermé dans un pré case. Des choses passent dans le non verbal, nos fringues mais aussi des fautes d’orthographe par exemple sur les panneaux. Le but du jeu est de « travailler pour le dernier de la classe »
Conseil en vrac :
« Vous n’aurez pas une ou deux minutes » ça doit être une des pire entrée en relation.
Le bon moment pour aborder les gens : il faut qu’ils aient commencé à lire.
– Penser qu’écrire la parole de quelqu’un c’est symboliquement énorme.
– Expliquer à la personne ce qu’on va faire de la discussion.
– Lui demander son prénom et son âge pour écrire des éléments de la discussion sur les panneaux.
– Faire relire à la personne ce qu’on a décidé d’écrire ?